Le 8 septembre dernier se tenaient les traditionnelles initiations des différentes associations et regroupements étudiants à l’UQO. Lors de ces évènements, les Jeux de la communication ont su se démarquer par leur activité « Les 12 travaux d’Hercule » où on demande entre autres aux participant.e.s de prendre des photos de seins et de brassières et de boire des shooters dans une craque de seins. Une copie des consignes apparaît ci-dessous.
Absence de consentement
Dans tous ces défis, jamais on ne spécifie l’importance du consentement de la femme associée à la brassière ou à la craque de seins. On remarque aussi qu’il n’est pas question de consentement lorsqu’il faut prendre une photo « d’un garçon en bobettes ». Sans consentement, ces activités s’inscrivent dans le continuum de la violence sexuelle, qu’il soit question de harcèlement sexuel, de coercition sexuelle ou d’agression sexuelle. De plus, les « chefs » des Jeux de la communication abusent de leur pouvoir pour s’arroger des faveurs sexuelles de la part des participantes (si tu embrasses un chef-1pt, si tu embrasses Erik Colto-2 pts). Sans consentement, Ce sont des agressions.
Qui plus est, les organisateurs n’ont même pas consulté le barman qu’ils ont impliqué sans son consentement dans leur tâche. Ils n’ont donc clairement pas compris l’importance du consentement dans toutes les sphères de la vie.
Faire comme
Il serait d’ailleurs difficile de dire avec sérieux que, dans ce genre de contexte, le consentement peut être donné librement. Les chefs sont effectivement en position d’autorité par rapport aux initié.e.s et la pression sociale est très forte pour intégrer les structures établies. Il n’est pas difficile de s’imaginer qu’une personne qui refuse de participer aux initiations quelles qu’en soient les raisons a certainement moins de chance d’être choisie pour faire partie de la délégation.
« Si la police vous demande de boire vous avez l’obligation de boire ». Encore une fois, on note l’absence totale de la notion de consentement et on cautionne les abus de pouvoir.
Abondance de nudité et de sexualité
Tous les 12 travaux choisis par les chefs sont de nature sexuelle et impliquent un certain degré de nudité. Est-ce vraiment nécessaire d’être à l’aise avec la nudité pour participer à la compétition que sont les Jeux de la communication ? Est-ce que la craque de sein des participantes leur sera si utile durant les compétitions ?
Pourquoi parle-t-on de culture du viol ?
Le terme culture du viol renvoie à un environnement social, culturel et politique dans lequel les violences sexuelles trouvent des justifications et sont banalisées, voire acceptées. Ce processus se fait, par exemple, par la culpabilisation de la femme via sa tenue ou son apparence. Outre la banalisation du geste, la victime est souvent dépeinte comme étant responsable de la violence qu’elle a subie. La culture du viol comprend aussi l’impunité que connaissent les agresseurs et le fait qu’ils sont souvent présentés comme étant les « vraies victimes » ou des « farçeurs » qui ne seraient pas mal intentionnés. Faire de ces actes de violence sexuelle, un défi récompensé par des points, c’est les encourager et les banaliser. C’est inacceptable, c’est odieux, c’est criminel même, diraient certains.
« L’UQO. Être plus près. Aller plus loin. » ??? Le slogan peut paraître ironique dans ce contexte.
Est-ce à croire que ces étudiants de l’UQO sentent qu’ils ont dorénavant un accès illimité au corps des femmes et ce, même en absence de consentement?
Sincèrement en criss,
Valérie La France-Moreau, Stéphanie Gilbert, Jasmine Cardinal, Bianca Schiffo-Fuoco et Camille S. Leclerc
Avec l’appui de Laurence Clennett-Sirois, Shawn Goodman, Laurent Paradis-Charette, Sophie Potvin et Valérie Berger.