En 2016, suite à une scission entre l’ASSÉ et plusieurs de ses associations les plus combatives, le site Dissident.es, une plateforme médiatique étudiante, a été mis sur pied sur les bases du respect de la diversité des points de vue et des stratégies. Le but concret était la publication de textes afin d’alimenter les débats qui font vivre le mouvement étudiant. Un autre objectif avoué était de sortir du carcan parfois contraignant des associations étudiantes en offrant un porte-voix indépendant. Dissident.es sera en ligne entre 2016 et 2020 et hébergera plus d’une centaine de textes.
Sans en constituer un bilan très exhaustif, la plateforme fut utilisée par des gens de différentes tendances – majoritairement celles organisées autour de la campagne de grève des stages, mais pas uniquement – et a permis à des personnes de différents horizons de s’exprimer, de débattre et surtout d’avoir une tribune. Malheureusement, son comité interne est resté assez fermé et il n’y a pas eu beaucoup de rencontres ouvertes au public pour en faire réellement un outil collectif. Le site a été désactivé en 2020 et le nom de domaine perdu. La totalité des textes a toutefois été sauvée, et ceux-ci seront entièrement remis en ligne dans la section Archives, en plus de certains textes phares qui ont alimenté les débats du mouvement étudiant post-2015.
En hiver 2022, dans un moment encore teinté par la récente pandémie et un contexte militant qui semble, malgré quelques initiatives à la portée limitée, un peu moribond, naît à Sherbrooke l’idée d’un magazine papier (et potentiellement web) qui serait distribué dans les différentes associations étudiantes. Peu de temps après, cette idée se concrétise et devient Raz-de-marée. En s’inspirant ouvertement des principes fondateurs de Dissident.es et du fonctionnement de L’Union Libre, Raz-de-marée vise à permettre la publication de textes exprimant différents points de vue quant aux luttes étudiantes. Pour ce faire, il est impératif de préserver une indépendance vis-à-vis des associations étudiantes.
Dans le contexte actuel de refonte du mouvement étudiant et alors que la Coalition de résistance pour l’unité syndicale étudiante (la CRUES) voit le jour, il nous paraît important qu’un lieu de diffusion des idées et de débats existe hors des instances médiatiques de celle-ci afin d’en stimuler l’analyse et la critique de manière autonome, en plus de faire connaître des points de vue qui ne cadrent pas dans les structures plus officielles.
Voulant éviter de répéter les mêmes erreurs que feu Dissident.es, le comité de coordination de Raz-de-marée a l’intention de faire de cette plateforme un lieu ouvert où la démarche est transparente.
De ce fait, en gardant en tête que nous voulons préserver le caractère progressiste du média, c’est-à-dire que des textes exprimant des points de vue fascisants ou discriminatoires ne seront pas hébergés sur Raz-de-marée, tout le monde est invité à publier un texte critique et argumenté sur cette plateforme. Le premier texte soumis devra être approuvé par l’équipe de modérateurices, mais les publications suivantes le seront automatiquement. Nous fournirons également des accès de publication, mais sur demande, afin d’éviter le spam.
De plus, les débats sur les stratégies ou les tendances sont encouragés et les opinions des gens du comité de coordination ou des modérateurices n’influenceront pas le processus de publication d’un texte ou d’obtention d’un accès; la diversité de point de vue est même encouragée. Ainsi, les opinions émises dans un texte ne reflètent pas les opinions de Raz-de-marée, puisque celui-ci vise à créer un espace pour faire vivre les débats.
Ceci étant dit, Raz-de-marée a tout de même une ligne éditoriale qui consiste en quelques points relativement simples:
- Pas de contenu faisant la promotion d’une organisation ou d’un parti politique (électoral);
- Aucun propos discriminatoires (transphobes, misogynes, LGTBQphobes, racistes ou capacitistes notamment);
- Pas de publicité, de spam etc.
Raz-de-marée, c’est l’enfant d’une idée qui n’a pas encore atteint son plein potentiel, mais qui s’en est toutefois approché durant la campagne de grève des stages. Au-delà d’une plateforme médiatique étudiante, et cette fois-ci avec plus de sérieux et d’expérience, c’est l’occasion de créer un lieu ouvert où les luttes de tendances peuvent se dérouler au grand jour tout en permettant d’exprimer des différends dans un milieu qui nous semble encore trop consensuel. Créer cet espace ne se fait pas tout seul et requiert des attentions particulières tout au long du projet. Ce qui reste motivant, c’est la possibilité réelle de donner une portée inédite à ce projet et de le peaufiner en vue de créer un momentum à même de changer radicalement la société en permettant aux différentes sections d’étudiant.es prolétaires de s’exprimer et de s’attaquer, comme elles l’entendent, aux oppressions et à l’exploitation qu’elles subissent.
Félix Dumas-Lavoie
Jean-Michel Laforce